La
gendarmerie est fille de la maréchaussée. Force
militaire née au 12ème siècle, chargée
initialement de surveiller les "gens de guerre et pillards"
et de rendre la justice aux armées. Dans le désordre
des polices et des juridictions de l'ancien régime, ses
compétences se sont accrues peu à peu.
Puissant instrument aux
mains du pouvoir royal, elle contribue à l'avènement
de l'État moderne. L'édit de PARIS en 1536, qui
lui confie la répression des crimes de grand chemin, étend
ses attributions au delà du domaine militaire.
Dotée d'attributions
mixtes, civiles et militaires, la maréchaussée est
à la fois une force de police au service du roi ou des
juges ordinaires et une juridiction d'exception. 
Ses
structures s'organisent: le 18ème siècle jette sur
le territoire un filet de brigades où patrouillent chaque
jour des cavaliers aux tenues désormais uniformes.
En 1789, la maréchaussée,
incarnation de l'autorité royale, jouit d'une grande popularité,
au point d'être qualifiée dans les cahiers de doléance,
de "corps le plus utile de la nation".
La
révolution elle même a bientôt besoin d'ordre.
Elle reconduit dans ses attributions passées l'ancienne
maréchaussée, rebaptisée gendarmerie nationale
en 1791 et double ses effectifs. Seules disparaissent ses fonctions
juridictionnelles peu conformes avec la théorie de la séparation
des pouvoirs.
La
loi du 28 germinal an VI, véritable charte de la Gendarmerie,
codifie pour longtemps ses principes d'action et ses attributions,
faisant notamment le
partage
entre ses missions de police administratives et celles de police
judiciaire.
Sous l'empire comme sous
la révolution, elle se couvre de gloire sur les champs
de bataille, à Hondschoote puis à Dantzig Burgos
ou Villodrigo. La Gendarmerie devient l'Arme favorite de Napoléon.
Il lui confie sa garde personnelle et la comble d'honneurs. Avec
leur haute taille et leur grande vertu, les gendarmes, en 1800,
sont devenus,selon les mots du général Radet "les
premiers soldats de la république.
Après
1814, sa fidélité obstinée aux légalités
constitutionnelles successives, la place, à chaque révolution,
dans le camp des vaincus. Elle subi la
concurrence
répétée de la garde nationale. Pourtant,
au 19ème siècle, les textes réglementaires,
relatifs à la gendarmerie modifient peu à peu les
grandes orientations de la loi de germinal an VI. Ces périodes
de disgrâce ont aussi la vertu de forcer les gendarmes à
se replier dans les campagnes. Ils y trouvent l'estime que PARIS
leur refuse et enracinent pour longtemps la notoriété
de l'institution.
En 1950, chaque canton a
sa brigade. Puis les régimes découvrent l'intérêt
de disposer d'une force militaire chargée de veiller à
l'ordre public. Ils créent de nouvelles unités:
la gendarmerie d'Afrique en 1833, les voltigeurs corses en 1835
ou la garde républicaine en 1848.
Ce
n'est qu'avec la IIIème république que la gendarmerie
retrouve la stabilité politique nécessaire à
l'accomplissement de ses missions. Elle est de tous les rêves
de la république. Ambassadeur de la république au
village, le gendarme renseigne autant qu'il réprime. Hors
de la métropole, il est la cheville ouvrière de
l'aventure coloniale. Brocardé, mais respecté, confirmé
dans ses missions par le décret de 20 mai 1903, "pandore"
a retrouvé sa place dans la vie de la nation.
La participation aux guerres
de ce siècle lui confère un rang équivalent
à celui des autres armes. Au XX siècle, elle épouse
résolument le progrès technique. La bicyclette,l'automobile
puis l'informatique dès 1970 pour s'adapter aux profondes
mutations de la société française.
Aujourd'hui, la gendarmerie
présente toujours la singularité de savoir conjuguer
les exigences de la modernité avec les richesses de la
tradition. Chaque unité, même récemment créée,
semble trouver un écho dans l'histoire de l'arme.
